En danseuse sur le grand braquet ...

Ils ont bercé mon enfance ; lorsqu'avec mes deux grands frères nous nous baladions en forêt, nous nous imaginions Merckx, Thévenet, Poulidor ou Cyrille Guimard ! Nous étions à pied mais peu importe ; je nous revois courir en mimant le rythme du pédalier avec nos bras.

Ocana, Bernaudeau, Van Impe, Pingeon, Kelly, Delgado, Roche ... tous ces noms et bien d'autres me sont familiers. Et avec eux Le Tourmalet, L'Alpe d'Huez, l'Aubisque, la Croix-de-Fer, La Madeleine, ou le Galibier.

Plus tard, bien plus tard ils ont rythmé mes mois de juillet. je travaillais alors de nuit et je me délectais devant chacune des étapes : l'échappée au long cours de Thierry Marie, les exploits de Jacky Durand, l'arrivée des Américains dans le peloton avec Greg Lemond, Charly Mottet en jaune ...

Vous l'avez compris j'aime le Tour de France, le tour de la France et les quelque 200 gaillards qui s'élancent chaque année sur les routes de notre beau pays me font rêver !

J'ai été la plus assidue à la Grande Boucle alors qu'Indurain était au sommet de son art et du classement. Je me souviens, alors que je bossais aux Infos Géné, du plaisir que j'avais à glisser une photo du champion ibérique à la Une : "Le jaune lui va si bien" ai-je même titré !

Au cours de ces années, le journal proposait un entretien du dimanche sur une pleine page : j'ai ressenti une fierté immense à aller interviewer Jean-Marie Leblanc, un jour d'octobre, dans son bureau à Issy-lès-Moulineaux. C'était en 1997 et il venait de présenter le parcours du Tour 1998 qui allait être marqué par le coup de tonnerre de l'affaire Festina !

Le cyclisme vu par mon "barbouilleur" préféré !

Avant cela il y avait eu 1989 et ce fameux contre-la-montre programmé pour la dernière étape. 1989 et les 8 secondes qui ont manqué à Laurent Fignon pour l'emporter sur les Champs-Elysées ; les 8 secondes qui ont permis à Greg Lemond de lui ravir le maillot jaune qu'il avait récupéré à l'Alpe d'Huez quelques jours plus tôt. Les deux protagonistes de cette dramaturgie se disputaient la fameuse tunique depuis la 5e étape !!!

Depuis, Laurent Fignon s'en est allé. Il y a belle lurette qu'il avait quitté le peloton mais, en 2008 ou 2009 il avait fait sa réapparition dans la petite lucarne en tant que commentateur et plutôt avec talent !

En 2010, luttant contre un cancer, il avait néanmoins tenu à honorer ce rendez-vous de juillet. Je me souviens de sa voix éraillée et de l'immense émotion qui s'était emparée des millions téléspectateurs lorsque, pendant la dernière étape, il avait "craqué" en direct.

C'est ce dernier Tour que Fabien Onteniente avait choisi de retracer dans une très jolie fiction diffusée sur France 2 quelques jours avant le départ de la Grande Boucle 2014. Samuel Le Bihan y incarne avec talent Laurent Fignon.

De l'émotion, mais aussi du rire, de la souffrance et de l'espoir, de la tristesse mais sans pathos : "La Dernière Echappée" est un film touchant et juste ... qui, je le confesse, m'a tiré quelques larmes et me fait dire qu'il ne faut jamais, jamais, oublier de profiter de la vie et des milliers de petits, même tout petits, bonheurs qu'elle nous réserve. Savourer chacun "des instants volés au grand vacarme de la vie".

PS : D'autres souvenirs du Tour de France par mon ami Sylvain Post ici !